« Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste » et la vraie Florence Foster Jenkins

La cantatrice qui chantait divinement faux…

Florence Foster Jenkins était une riche héritière américaine passionnée d’art lyrique, persuadée d’être soprano colorature. Pour information une chanteuse colorature a une voix souple, agile et vocalise brillamment. Elle organisait annuellement des concerts de bienfaisance, au cours desquels elle massacrait allègrement les plus grands airs du répertoire lyrique devant la Jet-Set du New-York des années 30 venue assister à l’évènement avec grand intérêt !

Florence Foster Jenkins 1868-1944

Florence Foster Jenkins naît dans une riche famille de Pennsylvanie. À la mort de son père, en 1909, elle hérite d’une fortune qui lui permet d’entamer tardivement la carrière de cantatrice que ses parents et son ex-mari avaient tenté d’éviter voire de décourager.

Persuadée de posséder un extraordinaire talent de soprano colorature, elle avait un très faible sens du rythme et ne parvienait pas à chanter juste. Elle prenait pourtant plaisir à organiser dans la salle de bal du Ritz-Carlton à New-York, où elle résidait, d’ahurissants récitals annuels qui faisaient les délices de la haute société. Elle devint une célébrité dont on parle encore.

Cependant, Florence Foster Jenkins ne sembla jamais réaliser que son succès ne provenait pas de la beauté de sa voix mais des rires provoqués par ses interprétations approximatives et ses extravagants costumes de scène, créés par elle au demeurant.

En octobre 1944, Florence Foster Jenkins accepte de se produire au réputé Carnegie Hall à Manhattan pour un concert de charité au profit des jeunes soldats américains – avant qu’ils n’embarquent pour aller libérer la France- Rapidement la fameuse salle affiche complet pour l’occasion. Ce sera sa dernière apparition publique en effet, Florence sera emportée un mois plus tard des suites d’une crise cardiaque.

Près de soixante-dix ans après sa disparition, la soprano qui chantait divinement faux reste un personnage culte. Elle a inspiré plusieurs spectacles, ses enregistrements sont régulièrement réédités et deux documentaires lui ont été consacrés : a world of her own (de Donald Callup 2007) et Florence Foster Jenkins La vraie histoire de la soprano qui chantait faux ( Ralf Pleger 2015). On suppose qu’elle aurait servi de modèle à Hergé pour sa célèbre Bianca Castafiore dans les aventures de Tintin. En France, la chanteuse Juliette l’évoque avec humour dans la chanson Casseroles & faussets. Le réalisateur Xavier Giannoli s’en inspire très librement pour son film Marguerite interprété par Catherine Frot sorti en 2015 et Stephen Frears retrace sa carrière dans son film Florence Foster Jenkins sorti en 2016 où Meryl Streep l’incarne avec brio aux côtés de Hugh Grant en St Clair Bayfield.

La pièce, de Broadway à Paris

Argument :

Vingt ans après la mort de Florence Foster Jenkins, son pianiste Cosme Mc Moon revient sur leur singulière collaboration de douze ans. Il fait vivre au public l’évolution de son regard sur cette cantatrice aujourd’hui iconique. De leur rencontre au dernier concert à Carnegie Hall, cette comédie nous invite à assister au destin à la fois hilarant et bouleversant de ces deux personnages terriblement humains.

Écrite par l’auteur et comédien britannique Stephen Temperley, sous le titre Souvenir par le New York Theatre avant d’être au programme du Berkshire Theatre Festival et enfin de s’installer avec succès à Broadway en 2005. Judy Kaye a été nominée au Tony Awards de la meilleure actrice pour le rôle de Florence Foster Jenkins. Depuis, la pièce est devenue l’une des œuvres les plus souvent reprises aux États-Unis. À l’étranger, on a pu la voir en Amérique du Sud, en Espagne, en Grèce, en Scandinavie, en Allemagne et en Autriche… Après la Suisse et la France, des productions en Israël, en République Dominicaine et en Australie…

Créée à Paris en 2012, la version française de Stéphane Laporte était alors qualifiée par Stephen Temperley de « version la plus romantique ». La première exploitation de Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste a duré jusqu’en janvier 2017. Pour cette reprise douze ans après ce succès, l’équipe artistique s’enrichit d’un nouveau compère : le comédien, pianiste et chanteur Cyril Romoli

Stephen Temperley, l’auteur

Né à Londres en 1949, Stephen Temperley s’installe dès son adolescence à New York. Après avoir suivi une formation d’acteur dans cette ville, il apparaît dans plusieurs pièces pour le Théâtre Public avant de revenir en Angleterre. Il se produit dans le West End, à la télévision et pour le théâtre de répertoire. De retour en Amérique, il joue essentiellement à Broadway (Crazy for you) et Off Broadway (Up Against It). En tant qu’auteur, sa première pièce Beside the Seaside sera suivie entre autres de Money/Mercy au Chelsea Theatre Center, Dance with me au Berkshire Theatre en 2006. Parmi ses pièces, Nine Day Wonder et Songbook, le pendant de Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste.

Stéphane Laporte, l’adaptateur

Stéphane Laporte signe sa première adaptation française en 2001 avec le musical Titanic pour l’Opéra Royal de Wallonie. Suivront I Do ! I Do ! et Un violon sur le toit (nomination aux Molières pour le meilleur adaptateur). On lui doit ensuite les adaptations de Wit (Un trait de l’esprit) mise en scène par Jeanne Moreau, Poste Restante pour le Théâtre du Palais Royal, avec Line Renaud et Jean-Claude Brialy, D’amour et d’Offenbach, mise en scène par Jean-Luc Revol. Plus récemment, il adapte Grease au Comédia et au Palais des Congrès, Le Roi Lion en 2007 à Mogador (trois Molières dont celui du meilleur musical), le livret de Mamma Mia ! également à Mogador et Frankenstein Junior au Déjazet. Il écrit Panique à Bord que met en scène Agnès Boury (plus de 100 représentations à Paris et nomination pour le meilleur musical aux Molières 2009). Le premier Prix de l’Adaptateur-Traducteur lui a été décerné en juin 2012 par la Société des Auteurs. récemment il co-écrit Dolorès avec Yann Guillon en 2023 et en 2024 la comédie musicale Les Quatres saisons avec Gaëtan Borg.
 

Agnès Boury, la metteuse en scène

Agnès Boury se partage entre le théâtre et la comédie musicale. Elle met en scène La Presse est unanime de Laurent Ruquier, Le Sens du ludique de Jean-Luc Lemoine, L’Éloge de ma paresse de et avec Maria Pacôme, L’Amour sur un plateau de Isabelle Mergault avec Isabelle Mergault et Pierre Palmade, Annabelle, une histoire sans faim de et avec Sandie Masson, Colorature de Stephen Temperley (adaptation Stéphane Laporte) avec Agnès Bove et Grégori Baquet, Le Fils du comique de et avec Pierre Palmade, Le Dîner de cons de Francis Veber avec José Paul et Patrick Haudecoeur, Tailleur pour dames avec José Paul et Sébastien Castro. Avec José Paul elle co-met en scène Jacques a dit de Marc Fayet, La Sainte Catherine de Stephan Wojtowicz, Je nous aime beaucoup de Véronique Olmi, Chocolat Piment de Christine Reverho, Le gai mariage de Michel Munz et Gérard Bitton, Entre deux ils d’Isabelle Cote et Une Idée Géniale de Sébastien Castro.

Elle monte également les spectacles musicaux suivants : Créatures  et  Les Hors la loi d’Alexandre Bonstein, Le Festin de Juliette  et Juliette à Gaveau spectacles de Juliette Nourredine, Cendrillon sur un livret d’Étienne de Balasy et Gérald Sibleyras, au Théatre Mogador. Elle co-écrit et met en scène ensuite différents spectacles musicaux : Duel co-écrit avec Laurent Cirade et Paul Staïcu, I Love Perrault co-écrit avec Vincent Heden sur des musiques d’Olivier Schultheis, Une vie de pianiste co-écrit avec Paul Staïcu. Ses collaborations aux mises en scène de Stéphane Jarny : Aux Folies Bergère, elle co-écrit avec Stéphane Laporte Salut Les Copains,  Disco et  Love Circus dont elle met en scène les parties de comédie. Elle collabore ensuite de la même façon à Saturday Night Fever (dont elle écrit également l’adaptation et les dialogues) au Dôme de Paris

À la télévision, elle collabore aux neuf premières éditions de la Nuit des Molières, ainsi qu’à de nombreuses émissions de variétés et de fictions. Pour Canal + elle réalise huit épisodes de la sitcom  Eva Mag  avec Chantal Lauby.

En tant que comédienne elle joue sous la direction d’Isabelle Mergault dans Je vous trouve très beau et Enfin veuve, avant de rejoindre Simon Astier pour les cinq saisons de sa série Hero Corp (dans le rôle de Mary) et Jean-Luc Lemoine pour incarner différents personnages dans son émission  L’habit ne fait pas Lemoine . Dans le Grand Restaurant 2 de Pierre Palmade elle interprète avec Emmanuelle Béart le sketch Dur d’être belle. Dans les séquences filmées de la comédie musicale Saturday Night Fever elle incarne La Mère de Tony Manero en duo avec Lionnel Astier.

On la retrouve dans Une idée géniale de Sébastien Castro (co-mise en scène avec José Paul) dans le rôle de Catherine pour lequel elle obtient le Molière de la comédienne dans un second rôle en 2023 et qu’elle interprète encore en 2025.

Les comédiens pianistes : Grégori Baquet et Cyril Romoli
Les costumes d’Eymeric François :

Il a créé en 2012 les premiers costumes de Colorature, visibles ci-dessous, ici l’article dédié à l’artiste

Les costumes ayant été perdus entre 2017 et 2022, lors de la reprise en 2023, Eymeric François crée un nouveau jeu de costumes et assume l’habillage en coulisses et en scène, ci dessous quelques uns de la version 2022 :

Colorature en coulisses en 2013 :